Suikoden I & II HD Remaster : le retour triomphal d’une légende du JRPG

Introduction au jeu

Si les joueurs européens associent généralement les débuts de la saga Suikoden à l’année 1997, n’oublions pas que la version originale est sortie deux ans plus tôt au Japon. En 2025, le monde célèbre donc le trentième anniversaire du premier volet. Développé et édité par Konami, ce remaster des légendaires Suikoden (1995) et Suikoden II (1998) propose une aventure inoubliable sur Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5, PC, Xbox One et Xbox Series. Disponible dès le 6 mars 2025, ce titre promet de raviver la flamme des nostalgiques et d’introduire une nouvelle génération à l’une des sagas les plus marquantes du genre.

1995 fut une année magique pour le jeu de rôle japonais, Suikoden ayant face à lui un cortège de concurrents on ne peut plus sérieux, à l’image de Dragon Quest VI, Tales of Phantasia, Romancing SaGa 3, Seiken Densetsu 3 (Trials of Mana) ou Chrono Trigger. Malgré cette concurrence féroce, la série a su se démarquer par son originalité et son approche narrative unique.

Gameplay

Les fondations du gameplay étaient déjà en place dès le premier épisode pour rendre l’expérience inoubliable. En combat, la formation du groupe se déploie sur deux rangs avec six membres actifs aux capacités complémentaires. Les règles du tour par tour sont enrichies par la possibilité de déclencher le pouvoir des Runes ou de lancer des attaques à l’unisson qui bénéficient d’animations spécifiques. Les armes ne s’achètent pas mais se forgent, tandis que l’association des Runes est la clé pour décupler les talents magiques des personnages.

Dès le premier volet apparaissent aussi des batailles d’armées fonctionnant sur un système plus stratégique (bien qu’encore très rudimentaire) et une poignée de duels où il faut anticiper ce que fera l’adversaire en écoutant bien chacune de ses répliques. Ce système de jeu s’étoffe dans le second opus, avec des batailles d’armée plus tactiques.

Le système de combat, toujours basé sur des affrontements au tour par tour, demeure simple mais efficace. Le fait de pouvoir aligner jusqu’à six personnages en combat permet une vraie flexibilité stratégique. L’un des aspects les plus marquants reste la gestion du château, un élément clé de la série qui renforce cette sensation de construire une résistance. Voir notre quartier général évoluer, accueillir de nouveaux personnages et se transformer en une véritable forteresse procure une satisfaction immense.

Pour le confort des joueurs modernes, grâce à l’ajout d’une option permettant d’accélérer considérablement la vitesse des combats, ces derniers s’en sortent honorablement. De plus, il n’est heureusement plus obligatoire d’équiper une Rune bien spécifique dans le premier volet pour pouvoir courir, un bouton permettant de trottiner librement dès le début du jeu. Ces améliorations contribuent grandement au confort de jeu.

Graphismes

Ce remaster apporte une mise à jour visuelle significative tout en respectant l’identité originale des jeux. Sur le plan visuel, le résultat est certes moins éblouissant que certains remakes actuels (comme Dragon Quest III HD-2D Remake) mais il suffit de comparer chaque jeu avec sa version d’origine pour constater l’évolution réalisée.

De nombreux effets d’ombre et de lumière ont été ajoutés pour donner davantage de relief aux images et rendre les décors plus vivants en faisant décoller parfois quelques oiseaux. Les illustrations des personnages ont été entièrement refaites en HD. Il faut souligner que Junko Kawano était à l’origine de l’ensemble du character design du premier Suikoden (remplacée par Fumi Ishikawa sur le second volet) et que l’artiste a été sollicitée pour redessiner l’ensemble des portraits inclus dans ce remaster.

Visuellement, le remaster trouve un équilibre subtil entre modernisation et fidélité à l’œuvre originale. Si les sprites conservent leur charme rétro, les décors ont bénéficié d’une mise à jour significative, apportant une richesse visuelle qui sublime l’expérience sans la dénaturer.

Histoire

L’histoire reste l’un des points forts les plus marquants de la saga Suikoden. Le scénario guerrier, à la fois complexe, tragique et profondément anti-manichéen, se déroule dans un univers fantaisiste qui subit autant les influences de notre monde (à travers sa diversité de cultures) que celles de la fiction, les humains côtoyant aussi bien des elfes, que des nains, des kobolds et bien d’autres créatures imaginaires.

L’histoire, très approfondie, se veut librement inspirée du roman classique chinois Au bord de l’eau. Elle a pour principale particularité d’introduire 108 personnages à recruter tout au long de l’aventure. Ils sont « les étoiles de la destinée » et une grande partie d’entre eux est jouable en combat, les autres intervenant au quartier général pour en étoffer les services.

Dans le premier Suikoden, nous incarnons le fils d’un général respecté de l’Empire de la Lune Écarlate. Alors que nous menons une vie privilégiée, l’ombre de la corruption commence à ternir notre monde. Rapidement, nous nous retrouvons contraints de fuir et de nous rallier à un groupe de rebelles luttant pour restaurer la justice.

Quant à Suikoden II, il pousse encore plus loin l’aspect émotionnel en racontant une histoire d’amitié brisée par la guerre. On y incarne un jeune soldat qui, avec son ami d’enfance Jowy, se retrouve trahi par l’armée qu’il servait. Obligés de fuir, nous prenons des chemins différents : l’un rejoignant la résistance, l’autre tentant d’infiltrer le pouvoir en place.

Bande-son

Toute la partie sonore a également subi une refonte complète via l’ajout de nombreux effets d’ambiance en HD pour simuler le bruit de la nature environnante et rendre le tout plus immersif. Quant aux compositions de Miki Higashino, elles fonctionnent toujours aussi bien grâce à leur diversité et leur grande richesse musicale.

Si l’aspect graphique a évolué, la musique, elle, est restée fidèle à ce qui faisait l’âme de Suikoden. Les mélodies épiques, les musiques de villages mélancoliques et les thèmes de combat entraînants sont toujours aussi efficaces. Avec un son remasterisé et une meilleure spatialisation audio, l’immersion est encore plus forte.

Accessibilité et options modernes

Outre les améliorations graphiques et sonores, ce remaster apporte plusieurs fonctionnalités de confort bienvenues. On apprécie la présence d’une sauvegarde auto, en plus des emplacements manuels, et d’un journal de conversation sur lequel on peut s’appuyer pour ne pas perdre le fil de l’aventure.

Afin de s’adapter à tous les publics, l’aventure est jouable suivant 3 modes de difficulté différents. De plus, l’intégralité des textes bénéficie d’une traduction en français, ce qui n’était pas le cas du premier volet lors de sa sortie initiale. Cette localisation française est un point très positif pour les joueurs francophones.

Cependant, certains soucis d’ergonomie perdurent. Car les associations de Runes et la limitation drastique de l’inventaire dans le premier volet rendent la gestion des items inutilement laborieuse. Suikoden II avait le mérite d’ajouter un sac et un menu d’équipement plus intuitif, mais on est encore loin des standards d’aujourd’hui.