Mario & Luigi : Fraternelle Retrouvailles électrisantes

Un retour inattendu sur les flots

L’absence de Mario et Luigi dans le monde du RPG se faisait sentir depuis 2019, quand AlphaDream, le studio derrière cette série légendaire, a dû fermer ses portes. Il aura fallu attendre six ans pour qu’un nouvel épisode voie le jour, avec l’annonce surprise de Nintendo en juin 2024 de « Mario & Luigi : L’épopée Fraternelle ».

Dans cette nouvelle aventure, nos deux héros se retrouvent projetés dans le monde de Connexia suite à un incident impliquant des abeilles et un sauvetage fraternel qui provoque l’ouverture d’une brèche dans le ciel. Ce phénomène mystérieux a fracturé le continent en plusieurs îles dispersées à travers les mers. Les habitants de ce monde, d’adorables petites prises anthropomorphes (le thème électrique est omniprésent), se retrouvent isolés et placent leur espoir dans la mission de reconnexion menée par nos plombiers.

Pour accomplir cette mission, Mario et Luigi voyagent sur un « navisthme », un îlot en forme de vaisseau capable de naviguer sur les flots pour raccorder les lieux entre eux. Le principe est simple : repérer une île, s’y propulser en canon, résoudre les problèmes locaux, activer le phare, puis revenir au bateau qui traîne les îles « comme la voiture des jeunes mariés traîne les casseroles ».

Un gameplay fidèle mais enrichi

Le cœur du gameplay de « L’épopée Fraternelle » repose sur le système de combat au tour par tour caractéristique de la série. La précision et le timing restent essentiels pour maximiser l’efficacité de chaque action, qu’il s’agisse d’un saut, d’une attaque spéciale ou de l’utilisation d’un objet. Comme toujours dans Mario & Luigi, les « action commands » sont de mise : toutes les attaques peuvent être esquivées ou contrées en bondissant ou en plaçant un coup de maillet au moment idoine. De même, l’efficacité de vos assauts dépend de votre précision à appuyer sur le bon bouton au bon moment.

La grande nouveauté de cet opus réside dans le système de « prises de combat » (ou « prises de courant »), qui permet de personnaliser ses attaques et sa défense. Ces prises prodiguent différents avantages en combat comme des dégâts supplémentaires, des effets de zone ou des soins automatiques. Lorsqu’elles sont combinées, elles peuvent même créer des synergies imprévisibles, encourageant l’expérimentation. Ces prises ont un nombre restreint d’utilisations et se rechargent au fil des tours, ce qui force à diversifier ses stratégies plutôt que de s’appuyer uniquement sur les plus puissantes.

En dehors des combats, l’exploration occupe une place importante. Les environnements colorés du jeu regorgent de secrets et de zones cachées, avec des défis et énigmes nécessitant souvent une collaboration entre les deux frères. Luigi peut utiliser son marteau pour ouvrir des passages, tandis que Mario peut atteindre des plateformes élevées grâce à ses sauts. C’est d’ailleurs Luigi qui prend davantage le devant de la scène dans cet épisode, apportant souvent l’élément décisif pour résoudre les énigmes grâce à ses idées de génie.

Un point critiqué dans le système d’exploration concerne la boucle de déplacement maritime. Pour raccorder les îles au navisthme, il faut voguer de courant en courant à travers une carte dédiée, ce qui s’avère relativement passif puisqu’on ne contrôle pas directement le bateau. Cette méthode de déplacement affecte le rythme du jeu, avec des temps morts lors des voyages. L’absence d’une exploration plus libre de l’océan se fait sentir, les courants obligatoires se débloquant en enfilade et donnant un sentiment très linéaire à l’aventure.

Une présentation soignée mais inégale

Graphiquement, « L’épopée Fraternelle » propose un style cartoon éclatant qui rend hommage aux jeux classiques tout en ajoutant une touche moderne. Les décors sont détaillés, avec des couleurs vives et des textures travaillées qui contribuent à l’immersion. Le jeu bénéficie d’une 3D particulièrement propre, rappelant à merveille le style graphique en deux dimensions des précédents épisodes.

Le travail sur les animations des deux frères est particulièrement réussi, chaque pirouette du duo « crève l’écran » avec expressivité. Ces animations expressives apportent une dimension humoristique appréciable, leurs mouvements, expressions et réactions pendant les dialogues ajoutant au charme du jeu.

Cependant, certains critiques trouvent la direction artistique globale un peu décevante, notamment en comparaison avec les premiers épisodes de la licence. Bien que très coloré et agréable à regarder, particulièrement sur le modèle OLED de la Switch, le jeu manque d’endroits vraiment mémorables qui « décrochent la mâchoire ». Plusieurs îles sont similaires d’un point de vue esthétique, avec seulement deux ou trois qui sortent du lot.

Sur le plan sonore, la bande-son est dynamique et joyeuse, s’accordant parfaitement avec l’action et l’ambiance de chaque lieu. Certaines mélodies rappellent les classiques de Mario, mais avec une touche de modernité. Chaque zone possède son propre thème musical, enrichissant l’expérience et rendant chaque environnement unique.

Une histoire simple mais efficace

L’histoire de « L’épopée Fraternelle » s’inscrit dans la tradition des aventures de Mario et Luigi, avec une quête pour sauver le Royaume Champignon (ou plutôt Connexia dans ce cas) d’un danger mystérieux. Le scénario marie des éléments de RPG classiques avec une narration humoristique propre à l’univers de Mario.

On note toutefois que l’intrigue est assez convenue, offre peu de rebondissements et manque quelque peu d’identité, des écueils d’autant plus remarqués qu’on y passe plus d’une trentaine d’heures. L’épopée fraternelle enfonce un peu plus la licence dans le grand public côté univers, poursuivant une tendance observable dans les derniers épisodes. On retrouve le côté comique, avec Luigi plus sous les projecteurs, mais on perd le côté plus sombre et assumé des premiers opus.

Ce qui fait la force du jeu reste la qualité de ses personnages et de ses dialogues. Mario et Luigi ne sont pas simplement des héros d’action ; leur personnalité est mise en avant à travers des dialogues savoureux, alliant humour et émotions. Luigi, avec son caractère parfois peureux, apporte une touche de légèreté, tandis que Mario reste le héros courageux. Un énorme travail a été réalisé par les traducteurs sur les jeux de mots liés au thème de l’électricité : Ampéria, Voltfas, Dis-Jonc-Terr…

Une durée de vie généreuse

En plus de la quête principale, le jeu regorge de zones secrètes, de mini-jeux et de défis divers. Chaque zone incite à l’exploration, cachant des objets spéciaux, des pièces et d’autres récompenses. Mario & Luigi : l’épopée fraternelle propose un contenu annexe riche avec des collectibles à rechercher, des requêtes spéciales pour fabriquer de l’équipement ou encore des défis sous forme de monstres à affronter.

Le périple est long, comptez une trentaine, voire une quarantaine d’heures pour le terminer. Cette durée de vie est plus que satisfaisante pour un titre de ce genre. Les quêtes secondaires, les secrets et les défis ajoutent de nombreuses heures supplémentaires, particulièrement pour les joueurs souhaitant terminer le jeu à 100%.

Conclusion

Mario & Luigi : L’épopée Fraternelle marque un retour réussi pour cette série emblématique de RPG. Malgré quelques défauts comme un rythme parfois lent lors des déplacements maritimes et une direction artistique moins mémorable que les premiers opus, le jeu offre une expérience solide avec son gameplay au tour par tour dynamique, son système de « prises de combat » innovant et ses animations expressives.

Le charme et l’humour caractéristiques de la série sont bien présents, avec un Luigi plus mis en avant et un monde cohérent autour du thème de l’électricité. Avec une trentaine d’heures de jeu pour l’aventure principale et un contenu annexe généreux, les fans de RPG et de l’univers Mario trouveront leur compte dans cette nouvelle épopée fraternelle.