Une aventure mystérieuse
Blue Prince vous plonge dans la peau de Simon, désigné comme légataire d’un manoir après le décès de son grand-oncle excentrique. Pour toucher cet héritage, une condition étrange : trouver la mystérieuse chambre 46 dans un manoir qui n’en compte apparemment que 45. C’est sur ces prémices que débute votre exploration, sans aucune explication supplémentaire. Le studio Dogubomb, qui affirme avoir travaillé dans l’ombre pour les géants d’Hollywood, signe ici sa première œuvre personnelle et ne vous prendra jamais par la main.
Un gameplay brillamment innovant
L’aspect le plus remarquable de Blue Prince est son gameplay hybride. Le jeu se présente initialement comme un walking simulator teinté d’énigmes, rappelant The Witness, mais révèle progressivement sa vraie nature : un roguelite d’un nouveau genre. Contrairement aux roguelites traditionnels, vous n’affrontez ni ennemis ni boss – votre seul adversaire est le manoir lui-même avec ses énigmes.
Le manoir est structuré comme un damier de 5×9 cases, initialement vide à l’exception du hall d’entrée. À chaque porte que vous ouvrez, vous devez choisir parmi trois plans de pièces proposés aléatoirement (chambre, salle de billard, cuisine…). Ce choix est stratégique car il détermine non seulement la configuration des portes pour poursuivre votre exploration, mais aussi les ressources que vous pourrez y découvrir (clés, diamants, argent…).
Chaque jour, vous ne disposez que de 50 pas, un pas étant consommé par salle traversée. Lorsque vous tombez à zéro ou que vous êtes bloqué, la journée s’arrête et le manoir se réinitialise. Mais comme dans Outer Wilds, les connaissances accumulées restent, vous permettant d’affiner vos stratégies à chaque nouvelle tentative.
Cette boucle de gameplay est d’une intelligence rare : au lieu d’améliorations tangibles comme dans les roguelites classiques, votre principale progression est intellectuelle. La résolution d’énigmes, la découverte de solutions et la compréhension des mécaniques vous permettent d’avancer toujours plus loin, créant une sensation grisante lorsque les pièces du puzzle s’assemblent enfin.
Une direction artistique distinctive
Visuellement, Blue Prince ne cherche pas à impressionner par des prouesses techniques, mais séduit par son style graphique unique. Le jeu adopte une direction artistique proche de la bande dessinée, avec un magnifique cel-shading aux tonalités grisâtres, feutrées et bleutées. Cette palette de couleurs correspond parfaitement au thème du jeu, du nom du titre aux « blueprints » (plans) qui sont au cœur de l’expérience.
La bande-son est intentionnellement discrète, composée de quelques notes qui accompagnent l’exploration sans jamais s’imposer, remplissant parfaitement son rôle d’ambiance.
Une narration à découvrir
L’histoire de Blue Prince ne vous est jamais servie sur un plateau. C’est uniquement en fouillant, en lisant des post-it, des lettres ou en déchiffrant des indices que vous découvrirez petit à petit les mystères du manoir. Chaque élément – une photo, un extrait de livre – peut contenir un indice crucial pour résoudre une énigme ailleurs dans la maison.
Cette approche narrative encourage les joueurs à prendre des notes physiques, sur papier ou dans un document, brisant la frontière entre le jeu et la réalité. Blue Prince ne mémorise rien pour vous : pas de journal de quêtes, pas d’indices écrits virtuellement. C’est à vous de tisser les liens entre les différents éléments découverts.
Une expérience addictive malgré quelques défis
La nature roguelite du jeu peut sembler déroutante au début, voire légèrement décourageante, mais devient rapidement addictive. Chaque découverte vous pousse à tenter une nouvelle journée pour confirmer une théorie ou débloquer un élément nouvellement compris. Les sessions s’enchaînent naturellement, chacune apportant sa petite victoire ou révélation.
Le seul bémol pour les francophones est l’absence de traduction française, une connaissance de l’anglais étant nécessaire pour pleinement apprécier l’expérience. Cependant, cette barrière linguistique ne devrait pas vous empêcher de plonger dans ce jeu exceptionnel, surtout si vous avez un smartphone à portée de main pour traduire certains textes si nécessaire.
Ne cherchez surtout pas les solutions sur internet – la résolution des énigmes et la découverte progressive de la narration constituent l’essence même de Blue Prince. Acceptez plutôt de brûler quelques neurones en griffonnant des notes, c’est précisément là que réside tout le plaisir de ce jeu fascinant.
Notes des joueurs
Avis des joueurs
Un diamant brut avec quelques défauts
Blue Prince est fascinant mais imparfait. L’idée de construire un manoir différent à chaque partie tout en résolvant des énigmes qui persistent d’une course à l’autre est brillante. J’ai adoré découvrir comment les pièces s’interconnectent et comment un indice trouvé au jour 3 peut soudainement prendre son sens au jour 15. Cependant, l’élément aléatoire peut parfois frustrer : passer 30 minutes à planifier une stratégie pour se retrouver bloqué par une malchance dans le tirage des pièces est décourageant. De plus, le jeu manque cruellement d’une option d’accessibilité pour les joueurs daltoniens comme moi – certains puzzles basés sur les couleurs m’ont donné du fil à retordre. Malgré ces défauts, l’expérience globale reste captivante et unique. Un jeu qui mérite d’être vécu même s’il vous demandera patience et persévérance.
La maison que j'ai construite... et qui m'a construit
Blue Prince est le premier jeu depuis des années qui m’a fait sortir un carnet pour prendre des notes. Quelle claque ! L’élégance avec laquelle les systèmes de jeu s’entremêlent est stupéfiante. J’ai particulièrement apprécié la façon dont les modifications permanentes que l’on peut apporter au manoir créent un sentiment de progression malgré la nature roguelite du titre. Après avoir atteint la fameuse chambre 46 (ce qui m’a pris 22 heures), j’ai découvert que ce n’était que le début de l’aventure. Les mystères cachés dans chaque recoin du domaine de Mont Holly continuent de me hanter et de m’attirer chaque jour. Le sentiment d’appartenance qui se développe envers ce manoir capricieux est étonnamment puissant. Techniquement, le jeu n’éblouit pas, mais son design est si cohérent et réfléchi qu’on oublie rapidement ce détail. Une expérience 25indispensable pour tout amateur de puzzles qui n’a pas peur de faire travailler ses méninges.
Le labyrinthe mental qui m'a rendu fou
Après 37 heures passées dans le manoir de Mount Holly, je ne distingue plus le réel de l’imaginaire. Blue Prince est une expérience qui transcende le simple jeu vidéo. Chaque pièce que j’ai sélectionnée, chaque pas compté précieusement, chaque énigme résolue m’a rapproché de cette mystérieuse chambre 46. Mon carnet de notes ressemble maintenant à celui d’un détective obsessionnel, avec des schémas, des codes et des théories parfois délirantes. Le mélange d’aléatoire et de réflexion pure crée une tension permanente : chaque jour dans le jeu est à la fois une exploration et une stratégie. Les moments où l’on comprend enfin le fonctionnement d’un puzzle après des jours de réflexion sont indescriptibles. Un chef-d’œuvre qui redéfinit ce qu’un jeu de puzzle peut être.