The Precinct : quand être flic dans les 80’s n’est pas de tout repos

Introduction au jeu

The Precinct est un jeu d’action-aventure à monde ouvert développé par Fallen Tree Games et édité par Kwalee. Sorti le 13 mai 2025 sur PlayStation 5, Xbox Series X|S et PC, ce titre nous propose une expérience peu commune : incarner un policier dans un jeu en vue isométrique fortement inspiré des premiers GTA. Plutôt que d’être du côté des criminels, nous voilà cette fois-ci du côté de la loi, avec pour mission de faire régner l’ordre dans les rues d’Averno City tout en enquêtant sur le meurtre du père du protagoniste.

Le studio britannique n’en est pas à son coup d’essai dans ce style, puisqu’il avait déjà développé American Fugitive en 2019, se déroulant dans le même univers mais où l’on incarnait alors un fugitif. The Precinct représente donc l’autre face de la médaille, nous plaçant dans la peau d’un représentant de l’ordre.

Gameplay

La force de The Precinct réside dans son système de crimes dynamiques et procéduraux qui génère continuellement des situations variées dans la ville. Chaque patrouille peut commencer par un simple contrôle routier et se transformer rapidement en course-poursuite haletante suite à la découverte de substances illicites dans le coffre d’un véhicule. Ce concept rend le jeu particulièrement addictif, avec une boucle de gameplay qui s’enchaîne rapidement: chaque intervention prend environ deux minutes, créant un rythme soutenu qui donne envie de continuer « juste une patrouille de plus ».

Le joueur doit suivre les procédures policières, de la vérification d’identité à l’alcootest, en passant par l’inspection des véhicules et l’émission de contraventions. Ces mécaniques, bien que techniques et nécessitant un temps d’adaptation au niveau des commandes, offrent une expérience immersive de la routine policière.

Malheureusement, cette routine devient rapidement répétitive. Malgré la génération procédurale des crimes, les missions finissent par se ressembler et le sentiment de déjà-vu s’installe après quelques heures de jeu. La progression narrative, débloquée en accumulant des preuves lors des patrouilles, souffre également d’un rythme inégal qui peine à maintenir l’intérêt du joueur sur la durée.

Les mécaniques de tir, élément pourtant crucial dans un jeu d’action, se révèlent approximatives et frustrent plus qu’elles ne satisfont. Les fusillades manquent de précision et ne sont pas à la hauteur des courses-poursuites, beaucoup plus réussies.

Graphismes et ambiance

The Precinct excelle dans sa direction artistique qui capture l’essence des années 80 avec ses néons, ses synthétiseurs et son ambiance urbaine nocturne. La ville d’Averno, bien que n’atteignant pas la densité des métropoles de productions AAA, propose un terrain de jeu cohérent et atmosphérique qui rend hommage aux films policiers de l’époque.

La vue isométrique, délibérément rétro, rappelle les premiers épisodes de Grand Theft Auto tout en bénéficiant d’une modernisation bienvenue. Les effets de lumière dynamiques, les reflets sur le bitume mouillé et les environnements partiellement destructibles témoignent d’un soin apporté à l’esthétique malgré les contraintes budgétaires d’une production indépendante.

Techniquement, le jeu souffre néanmoins de quelques baisses de framerate dans les moments les plus intenses et de bugs qui, bien que non rédhibitoires, nuisent parfois à l’immersion. Un patch day one est censé corriger certains de ces problèmes, notamment au niveau des collisions et de l’intelligence artificielle.

Histoire

L’intrigue de The Precinct suit Nick Cordell Jr. dans sa quête de vérité concernant l’assassinat de son père. Ce fil narratif, bien qu’utilisant des tropes classiques du genre, manque cruellement de tension et de profondeur. Les scènes de dialogue, présentées sous forme de portraits statiques accompagnés de textes, ne parviennent pas à créer l’engagement émotionnel nécessaire pour s’investir pleinement dans cette quête de vengeance.

Le scénario, inspiré des films policiers, accumule les clichés sans parvenir à les transcender. Le twist final, que certains joueurs verront venir « à des kilomètres », manque d’impact et conclut l’histoire sur une note quelque peu décevante. Les personnages secondaires, bien qu’ayant le mérite d’être entièrement doublés en anglais, souffrent parfois d’un acting vocal inégal qui nuit à la crédibilité de l’ensemble.

Structure du jeu

La progression dans The Precinct s’articule autour de quarts de travail (shifts) que le joueur effectue pour gagner des points d’expérience et débloquer de nouvelles compétences et équipements. Cette structure, bien que cohérente avec le thème du jeu, accentue la répétitivité déjà mentionnée du gameplay.

Le système de progression, bien que présent, reste assez limité et ne suffit pas à renouveler l’expérience sur la durée. Les améliorations débloquées offrent des avantages mineurs qui ne transforment pas fondamentalement le gameplay, rendant la montée en puissance du personnage peu gratifiante.

Le jeu propose également un cycle jour/nuit qui influence les types de crimes rencontrés, ajoutant une légère variété à l’expérience, mais insuffisante pour combattre la monotonie qui s’installe inévitablement.

Conclusion

The Precinct est un jeu aux ambitions louables qui propose une expérience rafraîchissante en nous plaçant du côté de la loi plutôt que de l’anarchie. Sa proposition de « GTA inversé » fonctionne par moments, notamment grâce à son système de crimes procéduraux et son esthétique soignée qui capture l’essence des années 80.

Cependant, le titre de Fallen Tree Games pèche par sa répétitivité et ses mécaniques de tir approximatives qui empêchent l’expérience d’atteindre son plein potentiel. L’histoire, bien que présente, manque de profondeur et ne parvient pas à maintenir l’intérêt du joueur sur la durée.

Malgré ces défauts, The Precinct reste une expérience intéressante pour les amateurs de jeux indépendants nostalgiques et ceux qui sont curieux de découvrir une approche différente du genre action-sandbox. À condition d’accepter ses limites techniques et son manque de variété sur le long terme.